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5 mars 2012

Slam suite

Voici les textes des slameurs

d'abord celui de la gagnante "Heidi"

De la difficulté de slammer en milieu rural…

Valérie Chevallon Sotar  (« Heïdi »)

 

 

Au chômage non indemnisé depuis des plombes

J'ai répondu l'an dernier à une annonce du bout du bout du monde

Elle disait ceci :

« Venez vivre et travailler en Gaspésie

Vous avez l’âme d’une aventurière, d’un aventurier

Vous aimez travailler au grand air et en toute liberté

Alors que vous soyez une femme ou un homme

Plus d'hésitation, devenez bucheron, devenez bucheronne »

 

Et voilà, c'est parti, me suis retrouvée en plein coeur dela Gaspésie

A couper du bois par moins trente trois

Transie mais ravie d'avoir enfin trouvé ma voie

Profitant d'une solitude sans pareille

Ai longuement médité sur la place de l'homme dans son milieu naturel

Puis les mois passant, ai switché pour des réflexions nettement plus triviales

Un tas de textes de slam s'est mis à tourner en rond dans ma tête

Comme un banc de poissons sans arrête dans un bocal

Des mots qui sonnent, des rimes qui tourbillonnent dans ma boîte crânienne

Au rythme de la bise qui brutalise la terre gaspésienne

Ca pouvait plus durer comme ça, me suis dit « Stop là, il me faut une pause, entre deux coupes de bois, sinon j'explose

Marre de débiter des troncs dans la forêt boréale

J'm'en vais débiter du verbe, des sons dans un bar à Montréal

Paraît que là bas on slamme tous les 12 du mois »

 

Dès le lendemain, je m'en fus donc par les chemins

Marchant d'un pas rapide

Et croisant les doigts pour ne pas croiser à l'orée du bois

Un ours noir aux abois ou un coyote à l'haleine fétide

Sur les coups des 16 heures, j'arrivai, fourbue, dans la baie des chaleurs

Allez finie la galère, voici  en vue  la gare de Grande Rivière

Mais là, qui je vois ?  Un groupe d’usagers de  Via Rail Canada

Survoltés et qui bloquent la voie

Prêts à tout pour préserver leur gare d'un futur qui rimerait avec fermeture

Sans hésiter,  leur cause me paraissant légitime, j'ai joint ma voix à leur hymne en gage de solidarité

On s’est donc égosillé pendant trois heures de temps

Jusqu’à ce qu’une bande de zorros partisans d'un durcissement du mouvement

A insisté pour qu'on tire au sort le pauvre coco qui serait ligoté sur la voie

Manque de pot, comme un fait exprès, « maudit français », c'est tombé sur moi...

J’étais sur le point de protester avec véhémence

Quand sont arrivées les forces armées, les ambulances

Immédiatement, tout le monde s’est dispersé vitesse grand V

En trombe, le train a redémarré, me suis engouffrée dans le premier compartiment

Direction le Bas Saint Laurent

 

Bon, je passerai sous silence la suite de mon épopée

Sachez seulement que mon train a de nouveau été bloqué

A Trois Pistoles pour protester contre la fermeture d'une école

Et à Causapscal pour dénoncer le désert médical

Evidemment, je n'ai jamais atteint Montréal

De dépit, je suis donc rentrée chez moi

Dans les montagnes du Haut Bugey où depuis je coupe du bois

Vous décrire ce  pays ? Et bien en fait c'est à peu près commela Gaspésie

La différence principale

C'est que dans le Haut Bugey, t'as moins de chance de croiser un orignal

Sinon, pour le reste, c'est du pareil au même ou presque

Alors non, bien sûr,la Gaspésie, le Haut Bugey, c'est pas le Far West

C'est juste le genre de place où y a pas de transport en commun, pas de poste, pas d'hôpital

Même pas une scène slam

Bref, ce qu'on appelle communément .....le milieu rural

 

puis celui du second Hadrien

 

Le Québec et moi

Je voulais faire un slam sur le Québec

Mais n’y étant pas allé, ça n’vaudrait pas un kopeck

Alors… j’vais quand même pas écrire un truc qu’est bête

Faire une poésie vide avec des vers… à sec ?!

J’aurais pu vous monter un slam en tek

Mais cela mène souvent les puristes à s’ lamenter

J’aurais pu faire bomber les torses, gonfler les pecs

Avec l’amitié France-Québec que j’viendrais vous vanter.

J’aurais pu arriver et jouer ces mecs

Qui ont tout vu, connu et visité.

Mais vous auriez vite deviné que, sans déc’,

Mes vers n’y avaient jamais mis leurs pieds !

J’aurais encore pu faire des chèques

Afin qu’la patte du jury soit graissée,

Qu’ils sortent les bons points comme des bonbecs !

Mais j’suis à tellement à sec qu’ils ne pourraient jamais les encaisser…

Ne pouvant aboutir à un truc impec

J’aurais pu ressortir une tonne de leurs expressions !

Mais quand ils parlent, pour moi, c’est du grec

Et ils appellent « suçon » leurs friandises en bâton…

Au Québec, moi, j’les trouve pas ok, mec

J’tombe sur une tuile quand j’leur parle de carrelage

Et puis nos balais sont d’affreuses chaussettes

Et la blonde du président est la brune Carla…

(Certes, il est vrai qu’elle se teint les cheveux, car l’âge…enfin, bref)

Je ne comprends rien ! Leur langue, c’est un fake

Oui, j’suis provoqu’, prêt à tout pour ne pas sécher

Même à vous confier que leur accent me débect’

Quitte à ce qu’ils me qualifient de frais chié !

Certes, je’n’comprends rien, mais j’devrais faire avec :

Ils ont tant de bonnes choses outre-atlantique !

Tant de belles expressions qui me clouent le bec !

Et ils sortent le PQ, quand on jase de politique…

Et tsé, si après tout ça vous trouver que

C’n’est qu’à tourner autour du pot que j’me suis employé

Bref, si vous voulez un vrai texte sur le Québec,

Vous n’avez qu’à m’y envoyer !

 

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