RICHARD DESJARDINS

1 juillet 2011

Voici un article paru dans le monde.fr du 1er juillet 2011, consacré à un artiste de garnd talent qui compte de nombreux fans dans notre association

Bonne lecture

Quand il ne chante pas, il réalise des documentaires sur les ravages de l'exploitation forestière au Québec (L'Erreur boréale, 1999), la vie dans une réserve d'Algonquins (Le Peuple invisible, 2007) ou, comme il le fera en octobre dans True Story, l'histoire et la réalité minière de son pays, l'Abitibi-Témiscamingue. Richard Desjardins, 63 ans, porte cette région du nord-ouest du Québec dans ses gènes. Que cela soit dans ses films, conçus et réalisés avec son ami Robert Monderie, ou dans ses chansons qui fleurent bon le terroir québécois, avec un accent et une gouaille qui lui sont propres.

La première fois qu'il est venu à Paris, dans les années 1980, il avait fait fureur avec des sous-titres traduisant les paroles de ses chansons à la Renaud. Depuis, la France l'accueille régulièrement, et il a fait de la région Rhône-Alpes un port d'attache entre ses spectacles. Cet été, il se produira notamment au Théâtre des Bouffes du Nord, à Paris, le 2 juillet, au festival Pause guitare à Albi, le 9 juillet, ou en clôture du festival Chanson de parole, à Barjac, le 4 août.

Né le 16 mars 1948 à Rouyn-Noranda, Richard Desjardins a accompagné, quand il était jeune, au piano "sans partition", son grand frère qui chantait Bécaud, Aznavour, Leclerc. C'est au sein d'Abbittibbi, un groupe de country-rock, qu'il trouve sa place de chanteur, pianiste et guitariste, avant que soit publié, en 1987, le premier disque en solo qui le fera connaître, Les Derniers Humains. "Jusque-là, dit-il, je vivais chichement en étant prof de musique et en donnant de petits spectacles. C'était la galère, mais je n'étais pas malheureux."

SUCCÈS RETENTISSANT

A l'âge de 42 ans, il est découvert et adopté par le grand public québécois comme l'un de ses auteurs-compositeurs-interprètes de marque. "J'ai pu m'acheter mon premier "char"" (voiture), confie celui qui se dit plutôt de culture musicale nord-américaine. The Eagles, Springsteen, Dylan, Cohen ont habité son âme, mais Léo Ferré remporte la palme des poètes-chanteurs français qui l'ont fait vibrer.

Il est de la même veine, s'attaquant en chanson aux salauds, aux empires, aux destructeurs de la nature, tout en chantant l'amour comme pas un. Tu m'aimes-tu ? lui a valu un succès retentissant, tout comme Quand j'aime une fois, j'aime pour toujours (reprise par Francis Cabrel), et nul doute qu'il va aussi faire mouche avec Avec l'amour de Jésus, extrait de son huitième album, L'Existoire, devenu disque d'or au Québec en cinq semaines ce printemps.

BALLADES COLORÉES

Desjardins, qui navigue depuis des années entre albums et concerts intimistes (au piano ou à la guitare) et symphoniques (avec différentes formations classiques québécoises), revient à une formule en groupe avec une dizaine de musiciens pour L'Existoire, histoire ou exutoire d'existences, la sienne comme celle de ses personnages, racontées en longs poèmes épiques ou en ballades colorées.

Cet album, on ne peut pas le trouver facilement en magasin en France, pas plus que les précédents. Richard Desjardins, auréolé d'un Grand Prix de l'académie Charles-Cros en 2004, n'y a plus de distributeur. Virgin a fermé son catalogue "au lendemain d'un grand succès à l'Olympia en 2005", rappelle-t-il. Reste l'achat par Internet.

Kanasuta, son album de l'époque, ne s'était pas assez bien vendu, et son fort accent québécois semblait "causer problème pour espérer conquérir une masse critique d'adeptes suffisante pour envisager un minimum de rentabilité", expliquait-il en 2008 dans la revue Chorus !, reprenant ainsi des formulations chères aux majors du disque.

Anne Pélouas, correspondante à Montréal Article paru dans l'édition du 01.07.11